La technologie de la chaîne de blocs – Créer un avenir décentralisé

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Publié le 22 février 2017

« Le Bitcoin permet pour la première fois à un internaute de transférer un bien numérique à un autre internaute de façon sécurisée de sorte que chacun sait que le transfert a eu lieu et que personne ne peut remettre en question la légitimité du transfert. Les conséquences de cette percée ne peuvent être sous-estimées. »

- Marc Andreessen, Andreessen and Horowitz Venture Capital

La technologie de la chaîne de blocs, à la base du Bitcoin, s’est récemment retrouvée sous les feux des projecteurs. Les gouvernements de par le monde et les sociétés du palmarès Fortune 500 s’y intéressant, il n’y a aucun doute que la chaîne de blocs est aussi importante que l’a été Internet dans les années 1990. Plus de 1,4 milliard de dollars américains ont été investis dans la chaîne de blocs en 2016.

En quoi consiste la chaîne de blocs?

En termes simples, la chaîne de blocs est comme une feuille de calcul Excel sur Internet dans laquelle quiconque peut ajouter une ligne mais personne ne peut revenir en arrière pour modifier ou supprimer une entrée déjà saisie. Chaque entrée représente une transaction où une valeur, soit de la trésorerie ou un autre actif, est transférée entre des parties. Mais comment les autres utilisateurs de la feuille de calcul peuvent-ils s’assurer que chaque ligne est exacte?

Chaque personne ou entreprise sur Internet qui utilise la feuille de calcul est représentée par un ordinateur (ou nœud) sur le réseau. Lorsqu’une personne veut ajouter une entrée dans la feuille de calcul, c’est-à-dire effectuer une transaction, tous les autres ordinateurs du réseau communiquent entre eux pour déterminer l’expéditeur et le destinataire de la valeur. Les ordinateurs utilisent un algorithme de consensus pour vérifier la transaction. Si quelqu’un tente de manipuler le système, les ordinateurs le sauront parce que les chiffres ne correspondront pas et la transaction sera donc ignorée.

« Bitcoin » est un terme associé à la chaîne de blocs que vous avez probablement souvent entendu. Il y a une distinction à faire selon que le terme est employé avec la minuscule ou la majuscule. Lorsqu’on utilise la minuscule (bitcoin), on désigne, d’une façon générale, la cryptomonnaie, à savoir une valeur nominale sécurisée par chiffrement qu’on peut échanger par la chaîne de blocs. Lorsqu’on utilise la majuscule (Bitcoin), on désigne le protocole, soit l’ensemble des règles intégré à l’infrastructure du réseau.

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Bitcoin est certes un protocole populaire pour transférer de la valeur, mais il a ses limites. C’est pour cette raison que l’on voit émerger de nouveaux protocoles.

L’un des plus importants de ces nouveaux protocoles est Ethereum. En plus d’offrir la caractéristique du grand livre distribué de la chaîne de blocs Bitcoin, Ethereum introduit le concept des « contrats intelligents », des applications qui s’exécutent sur tous les ordinateurs ou participants d’un réseau.

Les contrats intelligents représentent une innovation importante. Il s’agit de scripts de code qui vous permettent, en tant qu’utilisateur, d’établir et d’exécuter un accord; ces applications qui s’exécutent de façon autonome obligent le réseau à effectuer une action lorsque survient un événement déclencheur. Par exemple, je peux programmer au préalable un code dans un programme de contrat intelligent pour effectuer la transaction suivante : si vous m’envoyez un jeton qui représente la propriété d’un véhicule, je vous transférerai alors le paiement (au moyen d’un portefeuille). Il s’agit là d’une démonstration simple d’un contrat intelligent. Des contrats intelligents sont aussi établis pour gérer des transactions très complexes comme l’exercice d’une option sur des contrats à terme sur les récoltes selon les prévisions météorologiques, ou le vote par action, selon la valeur d’une action. Bref, les contrats intelligents sont des applications permettant à des personnes ou à des entreprises du réseau de conclure des transactions conditionnelles qui sont sécurisées contre la falsification comme le sont les transactions Bitcoin.

Qui sont donc les parties dont nous parlons ici? Qui a accès aux détails de la transaction? Les chaînes de blocs sans permission, comme le réseau Bitcoin, permettent à quiconque de lire, d’écrire (ajouter) et de valider des données dans la chaîne de blocs, qui est distribuée sans unique propriétaire. Contrairement au réseau Bitcoin, les chaînes de blocs avec permissions limitent l’accès aux participants autorisés (nœuds présélectionnés); eux seuls ont directement accès aux données de la chaîne de blocs, peuvent soumettre des transactions et prendre part au mécanisme de consensus. Une telle chaîne de blocs pourrait par exemple être un réseau d’un consortium public distinct du principal réseau Ethereum/Bitcoin (p. ex. des fournisseurs arbitraires qui pourraient s’y joindre) ou le réseau d’un consortium privé dont les participants seraient préconfigurés et qui ne serait pas visible à d’autres. Quelle chaîne de blocs est la plus appropriée? Cela dépend de son utilisation et de l’organisation qui s’en servira.

La technologie de la chaîne de blocs pourrait avoir des répercussions sur de nombreux secteurs d’activité et ainsi les amener à se transformer. Les applications les plus évidentes sont bien sûr le transfert de valeur ou d’actifs, un processus qui est actuellement coûteux, laborieux ou exige l’intervention de plusieurs organisations. C’est pourquoi de nombreux investissements sont faits pour explorer les utilisations possibles de la technologie de la chaîne de blocs dans le domaine de la technologie financière (souvent appelée « Fintech »).

Avantages de la chaîne de blocs

La chaîne de blocs comporte cinq principaux avantages :

Immuabilité et sécurité des données améliorées : La chaîne de blocs renferme un enregistrement distinct et vérifiable de chaque transaction ayant été effectuée. Cela prévient les dépenses en double, la fraude, l’abus et la manipulation des transactions.

Aucun intermédiaire : La technologie de la chaîne de blocs repose sur des preuves cryptographiques plutôt que sur la confiance, ce qui permet à deux parties de conclure des transactions directement l’une avec l’autre sans le recours à un tiers.

Règlement en temps quasi réel : En raison de la nature poste à poste de la chaîne de blocs, les transactions enregistrées sont réglées en temps quasi réel : cela restreint les frictions, réduit les risques mais restreint aussi la capacité de faire des ajustements à la facturation.

Conformité réglementaire simplifiée et automatisée : Les exigences réglementaires peuvent être programmées dans le réseau de la chaîne de blocs de façon que seules les transactions qui satisfont à ces exigences soient acceptées. De plus, la chaîne de blocs peut servir de grille de gestion des identités numériques, ce qui simplifie et automatise les processus de gestion de l’identité des clients et de lutte contre le blanchiment d’argent.

Transactions plus rapides à moindre coût : La chaîne de blocs, qui permet d’éliminer les intermédiaires indépendants et les coûts généraux liés à l’échange d’actifs, a le potentiel de réduire significativement les frais d’opération.

Utilisation

De la gestion de la chaîne d’approvisionnement à la gestion des identités, en passant par les points de fidélité, il y a des centaines de façons d’utiliser la chaîne de blocs dans les différents secteurs d’activité, dont deux utilisations particulièrement d’intérêt pour les directeurs financiers des sociétés d’aujourd’hui : la facturation et la vérifiabalité.

Facturation

Le processus utilisé par les sociétés pour facturer et recueillir les paiements de leurs clients est souvent laborieux et coûteux. La chaîne de blocs, grâce aux contrats intelligents, permet d’automatiser la facturation et les paiements. Les sociétés peuvent émettre des factures sur le réseau, qu’il s’agisse d’un réseau entièrement public ou d’un réseau comportant des permissions qui fait en sorte que seules les parties concernées ont accès aux renseignements sur la facture. Ces factures peuvent reposer sur des serveurs de données pour déclencher le paiement. Par exemple, si un fournisseur livre des matériaux à un client, au moment de la livraison, les deux parties enregistrent la livraison et l’acceptation des matériaux. Cela entraînera le paiement des factures par contrat intelligent. Cela n’élimine pas seulement le risque d’erreur humaine mais réduit également les coûts de transaction et le temps d’attente.

N’oubliez pas que la chaîne de blocs est une technologie réseau; vos fournisseurs et partenaires ne vous surprendront pas du jour au lendemain avec leur tout nouveau système de facturation par chaîne de blocs. Vous prendrez part aux conversations sur la conception, les tests et le déploiement de ce système. Par ailleurs, la chaîne de blocs permet l’interopérabilité de différents logiciels de paiement.

Vérifiabilité

La comptabilité moderne repose sur un système en partie double, qui permet aux gestionnaires de savoir s’ils peuvent ou non avoir confiance dans leurs propres livres. L’audit des livres d’une société peut s’avérer coûteux et laborieux. Un système comptable reposant sur une chaîne de blocs permet aux sociétés d’enregistrer leurs transactions directement dans un registre conjoint, ce qui crée un système indissociable de livres comptables immuables. Les livres ne peuvent pas être détruits parce qu’ils sont intégrés dans la chaîne de blocs et toutes les transactions sont horodatées. En bref, cela pourrait améliorer tant les processus d’information financière que le contrôle interne à l’égard de l’information financière (CIIF).

Par ailleurs, des organisations comme CPA Canada, l’Australian Accounting Standards Board et la SEC étudient déjà les répercussions de la chaîne de blocs sur l’audit et élaborent des normes à cet égard.

On s’attend à ce que la technologie de la chaîne de blocs ait une incidence aussi importante que l’arrivée d’Internet dans les années 1990. Un grand nombre d’entreprises et de gouvernements, comme Goldman Sachs, Mizuho Bank, Philips, BHP Billiton, Visa, la SEC et Nasdaq, sont déjà à étudier et à tester cette technologie pour déterminer comment l’utiliser dans une perspective de réduction des coûts et d’amélioration des opérations. Il est donc important que les organisations cernent d’une façon stratégique les occasions pouvant se révéler avantageuses pour elles, d’un point de vue financier ou autre

Personnes-ressources

Mawadda Basir Mawadda Basir
Stratège en chaînes de blocs Co-Founder
Mawadda est une analyste de la chaîne de blocs chez Rubix by Deloitte. Rubix est la pratique de développement de la chaîne de blocs de Deloitte Canada et le premier centre pour les activités relatives à la chaîne de blocs du réseau mondial. Rubix développe des applications décentralisées (Dapps) sur un certain nombre de plateformes d’infrastructure. Nous aidons aussi les clients à comprendre la chaîne de blocs et à se préparer à un avenir axé sur celle-ci.
Iliana Oris Valiente Iliana Oris Valiente
Cofondatrice, chef de la stratégie et de l'exécution
Iliana Oris Valiente (CPA, CBP – Certified Bitcoin Professional) est reconnue comme l’une des pionnières ayant amené Deloitte à s’intéresser activement à la chaîne de blocs, après avoir reconnu ses répercussions importantes pour les entreprises clientes. Iliana a cofondé et est la leader stratégique de la pratique de la chaîne de blocs de Rubix by Deloitte. Comptable agréée de profession, elle s’est spécialisée dans la technologie exponentielle et l’entrepreneuriat en plus de s’efforcer de combler l’écart entre le monde des affaires et les communautés des entreprises en démarrage.

Pour en savoir davantage sur la chaîne de blocs et la façon dont l’équipe de Rubix peut vous aider à vous préparer à un avenir décentralisé, consultez le site rubixbydeloitte.com ou envoyez-nous un courriel à l’adresse rubix@deloitte.ca.

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